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L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et le Centre Hospitalier National Universitaire (CHNU) de Fann, plus connu sous le nom d’Hôpital Fann, se situent à quelques mètres seulement l’un de l’autre. Une proximité qui a toujours suscité des interrogations chez le titulaire du Bac que j’étais dans les années 90. Le CHNU ayant commencé à fonctionner deux ans avant l’ouverture effective de l’UCAD, je me suis demandé jusque-là si le choix de mettre les deux institutions cote à cote était le fruit du hasard ou est ce qu’il obéissait à une certaine logique. En tout état de cause, le fameux slogan « Bac ou Fann », très connu des élèves des années 70, 80 et 90 (peut être après) me pousse à penser que leur proximité est loin d’être fortuite.
Wikipédia nous apprend que, « Le Centre hospitalier national universitaire de Fann (CHNU) est un établissement hospitalier, pionnier dans le domaine de la psychiatrie en Afrique subsaharienne, et parfois connu sous le nom de École de Fann ou École de Dakar. Le projet de création de l’hôpital Fann date de 1955 et les premiers malades, en provenance du centre asilaire du Cap Manuel, arrivent dans le service de Neuropsychiatrie le 17 octobre 1956 ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_hospitalier_national_universitaire_de_Fann
Pour ce qui est de l’Université de Dakar, elle a été créée le 24 février 1957 et a été officiellement inaugurée le 9 décembre 1958, ce qui fait d’elle l’une des plus anciennes d’Afrique de l’Ouest.
A quelle logique pourrait obéir le choix de construire une Université tout près d’un établissement hospitalier, psychiatrique de surcroît ? Était-ce pour permettre aux professeurs de médicine de faire plus facilement la navette entre l’hôpital et la faculté, ou était-ce pour pouvoir accueillir au plus vite les étudiants qui souffraient de surmenage comme il était de coutume à ‘UCAD dans les années 90 ? Il était en effet courant de voir, à la veille des examens de fin d’année, des étudiants subitement entrer dans un monologue indescriptible, déchirant leurs feuilles de notes et entrant dans un état faisant froid au dos. Leur détermination à réussir comme celle des élèves de terminale d’alors à décrocher le Baccalauréat ou à être internés à l’hôpital Fann pour cause de surmenage intellectuel était à la hauteur de l’attente qu’ils avaient des études universitaires.
L’Université aidait en ces temps-là à construire des têtes bien faites et préparait les jeunes à leur entrée dans la vie professionnelle. C’était un moyen d’ascension sociale, et les repères s’appelaient Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire, Léopold S. Senghor, Thomas Sankara, Mandela, Steve Biko, Aline Sitoe Diatta, Amilcar Cabral, Sékou Touré et j’en passe.
Barça ou Barsaq
Vers la fin des années 90, l’école avait cessé de bien former les enfants au savoir, au savoir-être, à l’assimilation des valeurs républicaines et au sens des symboles de la nation. La perte des valeurs qui en a résulté avait commencé à gangrener la construction identitaire, sociale et idéologique des jeunes devenus plus facilement influençables par le progrès importé par les médias. Les icônes des jeunes n’étaient plus le professeur, le médecin, l’ingénieur mais plutôt le modou- moudou venu en « vacances » d’Italie, d’Espagne ou de France pour un mois et roulant en voiture, habitant une belle maison et distribuant des devises. Le Bac n’avait plus de valeur, c’est aller en Europe qui était devenu le seul moyen de réussite sociale. Ainsi, les mêmes jeunes qui s’accrochaient jadis au slogan Bac ou Fann ont facilement remplacé le Bac par Barça. Seulement l’alternative cette fois ne pouvait plus être Fann ; ce n’est pas sa tête que l’on perd en bravant l’océan, mais sa vie. Le leitmotiv était donc d’entrer en Europe ou de périr en mer et aller à l’au-delà (Barsaq). Selon medium.com, rien qu’en 2016, 10327 sénégalais sont entrés en Europe via l’Italie, et 6000 de plus ont risqué la traversée en 2017.
Lutte- Musique- Danse (LMD)
Suite au Barça ou Barsaq, les jeunes se sont accrochés au phénomène LMD (Lutte- Musique- Danse). Les idoles s’appelaient désormais Yékini, Balla Gaye 2, Tyson, Modou Lo, Yawou Diaal, Waly Seck, Pape Diouf, El Hadji Diouf, Fadiga etc. Les lutteurs, musiciens, footballeurs et danseurs deviennent alors des modèles de réussite sociale à partir du début des années 2000. Le système LMD (Licence – Master- Doctorat) institué à l’Université n’a rien pu faire face au phénomène LMD qui a emporté toute la jeunesse y compris les étudiants qui s’étaient mis à la lutte et à la musique.
On s’est vite rendu compte cependant, que le phénomène LMD et ses corollaires que sont la drogue, le blanchiment d’argent, le gain facile etc. ne portait pas en lui les germes d’un projet de société fiable. Mandiaye Gaye n’y va pas du dos de la cuillère :
« La lutte actuelle avec frappe est totalement étrangère à notre culture sportive et ne nous concerne nullement, loin s’en faut. Cette barbarie est une création d’affairistes à la recherche effrénée de pognon par des voies détournées sous le prétexte de notre culture ou sport national »
Article à lire sur <a href="https://<a href=" https:=""WhatsApp- YouTube
L’accès généralisé des nouvelles technologies nous oblige à refaire de l’école le moyen le plus sûr de se réaliser individuellement et socialement. Si cela tarde à se faire, il à craindre que le phénomène WhatsApp et YouTube qui est encore en gestation va exploser. Les nouvelles icônes vont s’appeler Assane Diouf, Oulèye Mané, Amy Collé Dieng qui se sont particulièrement illustrés en 2017 par des insultes à tout va sur les réseaux sociaux.
Licence- Master- Doctorat (LMD)
Dans Ethique à Nicomaque, Aristote nous dit que « Les racines de l’éducation sont amères, mais ses fruits en sont doux ». Un grand nombre de problèmes sociaux pourraient être réglés si on avait assimilé cette vérité. Alain Juppé, auteur de l’ouvrage « Mes chemins pour l’école », ne s’y trompe pas en affirmant :« Les pays en forte croissance, qui ont su s’adapter à la société de la connaissance, sont ceux qui savent créer ou attirer des personnes qualifiées, ayant le goût de l’innovation et capables de s’adapter à un monde changeant.
Tous les pays désireux de rejoindre ce peloton de tête investissent dans l’éducation et réforment leur système éducatif pour lui permettre de développer chez les élèves les compétences, les connaissances et les savoir-être qui seront attendus d’eux. L’éducation constitue donc un moteur essentiel de la croissance d’aujourd’hui et de demain ».
Il est important de préciser néanmoins, que l’école n’a pas qu’une fonction économique, elle doit aussi développer le sens de la curiosité, le goût de l’initiative, le sentiment du vivre ensemble et la citoyenneté.Le Sénégal, (sunu gal; notre pirogue en Wolof) ne peut pas continuer à voguer ainsi au gré du vent. Il est temps que les rameurs, toutes catégories et classes sociales confondues se mettent à ramer dans le même sens. Qu’on le veuille ou non, l’école reste notre seule boussole et notre bonne ou mauvaise orientation dépend exclusivement de son bon ou mauvais fonctionnement.
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