députés du peuple ou perroquets de service
Sénégal : Le Dimanche 30 juillet 2017, les sénégalais vont élire 165 députés ; des départements faiblement peuplés comme celui de Gossas enverront un député á l’assemblée nationale. Les appétits sont aiguises et des coalitions se font et se défont au gré des intérêts des uns et des autres. L’on pourrait alors s’interroger sur le profil et les mécanismes de choix des candidats á la députation.
Contrairement á une idée reçue véhiculée, souvent volontairement, les députes ne représentent pas uniquement leurs circonscriptions ; encore moins leurs partis politiques ou coalition de partis, mais le Sénégal tout entier. Ils détiennent un mandat national. C’est en pensant aux intérêts de tous les sénégalais, où qu’ils vivent, qu’ils doivent prendre leurs décisions, notamment lors du vote des lois.
Il va sans dire que tout le monde ne peut et ne doit pas être député. L’on ne devrait donc pas investir n’importe qui pour représenter toute une circonscription, toute une nation. Dans la pratique, les partis ont trop souvent eu recours au « parachutage » lors des investitures ; le candidat est déconnecté des réalités de la circonscription pour avoir cessé de résider dans le terroir depuis fort longtemps. Et pour lui donner une base politique, le parti l’impose dans le fief où il est né. Un candidat pareil ne peut nullement maîtriser les réalités des profondeurs du pays et ne peut représenter valablement les populations.
En vérité, une fois élu, ce député parachuté ne se sent pas devoir rendre compte á ses mandants, mais plutôt au parti et á son chef á qui il doit tout. Pour cette raison, notre assemblée a toujours été un échec, une déception par rapport aux attentes des populations. On a toujours fait le reproche á ce parle- ment (où on parle de tout et de rien ; où on ment) de ne point jouer son véritable rôle; si tant est qu’il se soucie même de le jouer ou non.
Au titre du contrôle, par exemple, le député peut interroger le gouvernement, examiner son action au sein d’une commission, et s’il est rapporteur spécial au sein de la commission des finances, contrôler l’emploi de l’argent public. Une telle mission requiert du député qu’il aie certaines prédispositions, un background qui peut lui permettre de s’acquiter convenablement de sa tâche.
De telles compétences existent suffisament dans les départements. On ne les retrouve pas forcement dans les partis politiques classiques. Ce qui n’est pas surprenant du reste quand on sait qu’au Sénégal, politique rime avec mensonge, roublardise, hypocrisie, trahison, corruption, népostisme, et j’en passe. Beaucoup d’intellectuels et d’hommes et femmes de valeur s’en détournent pour éviter de vendre leur âme au diable.
La patrie avant le parti, tel devrait être le crédo du député pour cette nouvelle législature. En tout état de cause, le peuple a muri et n’est plus á la solde des hommes politiques. Les partis qui vont investir des candidats parachutés ou impopulaires dans leurs localités l’apprendront á leur dépens.
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